• Mardi poésie

    Lady Marianne nous a quittés, elle nous proposait "Mardi poésie":   ICI, je continue en son honneur

     

    Mardi poésie

    Giboulée

    De grands brouillards couleur de suie,
    Chassés par un vent sans pareil,
    Passent à plein vol : neige et pluie
    Tombent, brillantes de soleil.

    Sur les toits, globule à globule,
    Pétillent grésil et grêlons ;
    Et la vitre tintinnabule :
    On croit ouïr des carillons.

    Sans répit, la mitraille fine
    Sautille, étincelle, bruit :
    Puis une bruine argentine
    Filtre du nuage qui fuit.

    Nul crayon ne pourrait décrire
    Ce temps qui change en un clin d'œil.
    Des pleurs se mêlent au sourire
    Qu'avril donne à l'hiver en deuil.

    Une aveuglante soleillée
    Jaillit tout à coup du ciel bleu ;
    Il semble que la giboulée
    Darde mille aiguilles de feu.

    Étoiles de glace fleuries,
    Prismes de cristal délicats :
    On dirait mille pierreries,
    Mille papillotants micas.

    Mais ces joyaux se fondent vite.
    L'astre qui déjà flambe haut,
    Dans l'azur éclairci gravite
    De plus en plus clair et plus chaud.

    En dépit de la bise froide,
    Ses obliques rayons tiédis
    Font mollir la ramure roide
    Des vieux érables engourdis.

    Au fond des forêts que décorent
    Sapins verts et blancs merisiers,
    Les sirops odorants se dorent
    Au feu des résineux brasiers.

    De l'écorce fraîche entaillée,
    Dans les vases de fin bouleau,
    Pure, cristalline, emmiellée,
    Goutte à goutte distille l'eau.

    Maintenant le couchant rougeoie.
    L'oiseau, qui pressent les beaux jours,
    Raconte la première joie
    De ses vagabondes amours.

    Huppe au vent, il saute, il pépie.
    La mère, au creux des brins douillets,
    Grelottante, en boule tapie,
    Réchauffe ses chers oiselets.

    Preste courrier que nous dépêche
    La saison verte, oiseau, qu'es-tu ?
    Que nous chante la chanson fraîche
    De ton grêle sifflet pointu ?

    Alerte et gentil hochequeue,
    Du haut des pins ne vois-tu pas,
    Par-dessus la colline bleue,
    Venir Mai, tout rose, là-bas ?

    Pâques vient : monts, val et clairière
    N'ont point quitté leur blanc décor,
    Et la fauvette printanière
    Ne rossignole pas encor.

    Nérée Beauchemin.(1850-1931) Recueil : Les floraisons matutinales (1897).

    Mardi poésie


  • Commentaires

    1
    Chantou
    Mardi 23 Mars 2021 à 09:08

    Joli poème qui exprime ces giboulées de mars.. mais, je ne connais pas ce poète!

    Merci pour ce partage..

    2
    MissParker
    Mardi 23 Mars 2021 à 09:22
    Joli poème !
    Merci, belle journée, bisous
    3
    Sissi94
    Mardi 23 Mars 2021 à 11:52

    Beau poème.

    Sylvie

    4
    Mardi 23 Mars 2021 à 21:16
    gateuxrigolo

    bien joli

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