Le 20 août 1944, le fort de Côte Lorette était le théâtre de l’assassinat de 120 résistants incarcérés à la prison Montluc. Les 23 et 24 août, la commune rend hommage à la mémoire de ces martyrs de la barbarie nazie.

Ce week-end, une fois encore, les noms des 120 résistants, assassinés par les Allemands et leurs complices français le 20 août 1944, résonneront sur les murs du fort de Côte Lorette. Un rituel tragique, une commémoration à la hauteur de l’acte odieux commis par l’occupant et ses complices, sur la colline saint-genoise, au matin du 20 août 1944.

Ce jour-là, le cortège funèbre des voitures, qui escortent les deux cars bondés des prisonniers tirés de leur cellule de la prison Montluc, arrive à Saint-Genis-Laval aux alentours de 8 h 30. Militaires et miliciens font descendre les passagers et les poussent vers la maison du gardien du fort. Pendant une heure, le crépitement des mitraillettes ne laisse aucun doute sur le drame qui est en train de s’accomplir froidement.

Le bruit sourd des grenades qui explosent prend le relais : la Gestapo et ses complices de la milice achèvent leur sinistre travail de destruction des corps et de dissimulation du massacre. Les corps sont aspergés d’essence et la maison dynamitée.

Dans le livre « 39-45 témoignages » édité par « Le Progrès », le Saint-Genois, Paul Danon, raconte cette journée : « On était dans le jardin en famille. On a entendu des coups de feu et des explosions. On s’est dit qu’il se passait quelque chose au fort de Côte Lorette, mais on n’allait pas s’affoler pour autant. Puis, on a senti une drôle d’odeur. À ce moment-là, j’ignorais que c’était l’odeur de la chair brûlée. Et puis le soir et le lendemain, une rumeur s’est répandue : il s’est passé quelque chose au fort […]. Mais il a bien fallu attendre une semaine avant de savoir ce qui s’était vraiment passé. »

Dès le lendemain pourtant, la Croix-Rouge est sur les lieux pour déblayer le terrain et faire le compte des victimes. Sous la direction du frère Benoît, pendant deux jours, les 30 mètres cubes de gravats sont fouillés et des corps sont dégagés. 70 d’entre eux seulement pourront être identifiés à l’époque. Ils sont 82 aujourd’hui, grâce au travail du professeur Pierre Mazel et de la Saint-Genoise Monique Fillot, de l’Association saint-genoise du patrimoine des arts et des lettres (Aspal). À son initiative, une exposition retraçant le parcours et l’histoire de ces victimes sera visible dès le 20 août, au fort de Côte Lorette.

Trois jours plus tard, 120 bougies seront allumées sur l’esplanade du mausolée, pour commémorer le souvenir des martyrs de la barbarie nazie.

Massacre de Cote Lorette : le PC ne veut plus déposer sa gerbe en catimini

À l’occasion du 70e anniversaire de la commémoration du massacre de Cote Lorette (23 et 24 août), au nom de la section oullinoise du parti communiste français (PCF) et de la cellule saint-genoise, René Guillot a adressé un courrier au Gouverneur militaire de Lyon, avec copie à la mairie. Une missive ayant pour but de changer le cours des choses en ce qui concerne le dépôt de la gerbe du PCF. « Depuis plusieurs années, nous devons attendre que la cérémonie officielle soit terminée, sous prétexte que celle-ci est militaire, pour que notre parti puisse rendre hommage aux martyrs du 20 août 1944. Cette pratique est, à notre sens, une discrimination au regard du profil de certaines de ces victimes qui étaient progressistes et éprises de liberté. Nous vivons très mal de devoir leur rendre hommage en catimini. Les communistes français ont fait partie de la Résistance, tous comme ceux qui ont été suppliciés en ce lieu », explique ce Saint-Genois. Le débat, voire la polémique, n’est pas d’aujourd’hui. Mais pour l’heure, quid de la réponse à cette demande officielle et compréhensible concernant une « cérémonie militaire ». Une réponse positive laisserait la possibilité à d’autres partis politiques d’en faire autant…

(René Guillot, membre de la section oullinoise du PCF et de la cellule saint-genoise)

Commémoration du 70e anniversaire du massacre de Côte Lorette

En hommage aux 120 résistants incarcérés à la prison de Montluc et assassinés au fort de Côte Lorette, une commémoration est organisée cette semaine sur la commune. Dès ce mercredi 20 août, les salles de garde du fort de Côte Lorette accueillent l’exposition de l’Aspal sur les victimes du massacre. La veillée du souvenir débutera à 20 h 30 ce samedi 23 août au fort, suivie de l’inauguration du panneau historique dans le cadre du circuit de mémoire, de l’illumination de 120 bougies en souvenir des victimes ainsi que d’un concert de musique Gospel.

Pour clôturer cette semaine à la mémoire de ces résistants, la commémoration se déroulera ce dimanche 24 août dès 11 heures avec un rassemblement sur l’esplanade du mausolée, un appel aux Morts, un dépôt de gerbes de fleurs et la musique de l’infanterie"